SMITHFIELD – Après un dîner, trois bains, quatre histoires avant d’aller au lit et une demi-douzaine de bisous pour dire bonne nuit donnés aux jumeaux de 2 ans, Brock et Isaac, et à Ellie, 6 ans, Erin et Brian Thompson se sont finalement effondrés sur le canapé, épuisés, mais souriants.
Être parents est exactement ce dont ils ont toujours voulu. Et ils aiment ça.
« Bien sûr, nous avons nos moments de fous », dit M. Thompson, « mais la plupart du temps, nous essayons tout simplement de nous concentrer sur les points positifs de la journée et de nous rappeler qu’ils ne vont être petits que pour un peu de temps ».
En tant que membres de l’Église de Jésus-Christ des Saints des Derniers Jours, les Thompson croient que le fait de maintenir un mariage solide et d’élever et d’enseigner leurs enfants sont des clés essentielles au bonheur et leurs plus importantes responsabilités sur terre.
En fait, 81 pour cent des Mormons disent qu’être un bon parent est « l’une des choses les plus importantes dans la vie », selon un nouveau sondage réalisé par le Forum du Pew Research Center sur la religion et la vie publique – la première enquête des Mormons au sujet des Mormons, réalisée par un organisme de recherche non-SDJ. (N.D.T. : Le Pew Research Center effectue des sondages d’opinion publique aux USA).
L’enquête, qui a réunit l’opinion de plus de 1000 auto-identifiés Saints des Derniers Jours, des quatre coins du pays, a cherché à savoir comment les Mormons se sentent acceptés dans la culture américaine, ainsi que leurs réflexions sur les pratiques religieuses, les questions politiques et les rôles familiaux.
L’enquête a montré que les Mormons sont plus enclins au mariage que la population générale, 67 pour cent de l’échantillon par rapport à 52 pour cent de la population générale.
Et 85 pour cent des Mormons mariés ont épousé des Mormones. Les Protestants épousent des protestants à un taux de 81 pour cent et les Catholiques se marient entre eux dans 78 pour cent des cas.
Avec un tel accent mis sur le mariage, il n’est donc pas surprenant que les Mormons interrogées aient également, en moyenne, plus d’enfants (2,6) que la population générale des États-Unis (1,8).
Mme Thompson a grandi, ayant le désir d’avoir une famille nombreuse et d’être une bonne mère, mais elle et son mari ont lutté avec des problèmes d’infertilité pendant près de neuf ans – une épreuve ponctuée par la joie de deux adoptions différentes, celle d’Ellie, puis celle des jumeaux.
« Nous nous sommes dit, lorsque nous sommes finalement devenus parents, que nous allions enfin pouvoir nous asseoir et prendre un peu plus de temps pour nous concentrer sur nos enfants », a déclaré Mme Thompson, qui vit dans le nord de l’Utah. « Par là, je ne dis pas que d’autres personnes ne le font pas – le point de vue que nous avons est juste un peu différent ».
D’autres Saints des Derniers Jours partagent l’enthousiasme des Thompson de mettre la famille en premier dans leur vie.
« La famille est au cœur de notre foi », explique Jane Clayson Johnson, une Sainte des Derniers Jours et ancienne présentatrice du « The Early Show » de CBS, qui préfère, à cela, le titre de mère de deux jeunes enfants et de belle-mère de trois plus âgés. « Il y a tellement de distractions aujourd’hui qui nous forcent tous vers l’extérieur, loin de ce qui devrait être nos relations de base. Ce que notre foi fait est de nous tourner à nouveau vers des relations familiales profondes, riches et pleines de sens ».
« Elle nous apprend que les familles sont là où nous trouvons un sens », poursuit Clayson depuis son domicile de Boston. « Le travail que j’accomplis dans ma famille est le travail le plus important que j’accomplirai jamais ».
Parmi le public, en général, 50 pour cent déclarent que le fait d’être un bon parent est « l’une des choses les plus importantes dans la vie », et 44 pour cent qui le classent dans la catégorie « très importante, mais pas la plus importante ».
Cela ne devrait pas être interprété comme signifiant que l’Américain moyen n’accorde aucune valeur au mariage ou à la famille, tout comme il « ne va pas à l’église chaque semaine et on lui que c’est ce qu’il est censé faire », explique Marie Cornwall, professeur de sociologie à la Brigham Young University. Cornwall a fait partie du comité qui a renseigné le Centre Pew pour cette enquête.
« Il n’y a rien qui suggère, au fil du temps, que la vie familiale soit moins valorisée aux États-Unis », dit-elle, « mais il y a davantage de choses donnant l’impression que les gens ressentent qu’il n’est pas possible d’atteindre cela ».
La pression se fait ressentir quand un mariage « réussi » est défini comme un mariage ayant un bon travail, un compte épargne retraite bien fourni et une belle maison avec une clôture blanche, dit Cornwall. Alors quand les gens ne peuvent pas arriver à avoir ça, avec l’économie difficile d’aujourd’hui, beaucoup se sentent comme ayant échoué.
« Pour les Mormons, il y a un aspect spirituel, apporté à cette (définition de la réussite) », dit-elle, « il faut, en termes de recommandations, un effort pour essayer de minimiser le matériel et de mettre davantage l’accent sur les relations humaines ».
Lorsque, lors de l’enquête, on a interrogé les Mormons sur les arrangements entre travail et famille, près de six Mormons sur 10 ont indiqué qu’ils préféreraient un mariage où l’homme travaille et la femme reste au foyer pour s’occuper de la maison et des enfants.
Les diplômés universitaires SDJ aiment cette structure familiale plus que tout autre sous-groupe, avec 71 pour cent d’entre eux préférant l’homme au travail et la femme qui reste à la maison.
Dans la population générale, seulement 30 pour cent des Américains préfèrent un couple où le mari travaille et la femme reste à la maison. Parmi les Américains non affiliés religieusement, ce taux tombe à 15 pour cent optant pour un tel scénario.
Près de quatre Mormons sur 10 préféreraient que les deux parents travaillent et que les deux parents aident avec l’éducation des enfants et les tâches ménagères.
Pour Ruth Ann Dupaix, mère de 37ans vivant à American Fork, ce n’est pas une décision ou toute noire ou toute blanche. Tout au long de son mariage, elle a à la fois travaillé et est resté à la maison.
« D’après la façon dont nous voyons les choses, nous essayons d’en faire un partenariat », a dit Dupaix. « C’est davantage : Qui est plus capable de le faire à ce moment-là. Il s’agit de travailler ensemble, de donner et de recevoir ».
Quand elle et son mari, Geoff, se sont mariés, au début, son travail, à elle, a aidé à payer pour son école, à lui. Quand il a fini, elle a continué à travailler car son employeur paierait pour qu’elle termine ses études et parce que les études sont importantes pour chacun d’eux.
Mme Dupaix a cessé de travailler lorsque son sixième enfant est né, mais elle a récemment repris le travail dans une épicerie locale trois nuits par semaine pour aider à atteindre un objectif familial qui est de réduire leurs dettes.
Il s’agit d’une grosse réduction de salaire, par rapport au travail qu’elle avait à la banque, mais c’est un horaire qui convient mieux à la famille.
« En tant que membre d’une famille, vous faites des sacrifices », dit-elle. « Je ne suis pas là quand les enfants sont endormis, mais je suis toujours là, pendant la journée, quand ils ont besoin de moi ».
Ressources supplémentaires :
Mormons en Amérique, l’étude du Pew.